ADEPS ADEPS Féderation Wallonie Bruxelles Portail de la Wallonie Ville de Tournai Télévision Notélé VivaCité
VivreIci Le Groupe Dufour Atelier Hanot-Frères Infinitri L'actu de votre region sst secretariat social Arena Water Instinct WANT YOU BIKE : THE PLACE TO RIDE Cube Bikes

IRONMAN de NICE : Résumé de Pierre HAENECOUR ( 982 )

J+2... les jambes sont un peu lourdes, pas de sport prévu... ça me laisse le temps de faire un petit compte rendu de course. Comme j’ai même beaucoup de temps disponible, j’en ai fait deux. Un petit, puis pour les courageux, un long. 😊


CR court :

5h45 :
Arrivée au parc à vélo. Je regonfle les pneus en vitesse, je prends ma combi, bonnet, lunettes, et c’est parti pour la plage. J’enfile la combi avant de descendre.
Je décide de me mettre dans le sas "moins de 1h18". Dès le début de la natation, je réalise que je dépasse régulièrement. C’est bon signe. Fin de la première boucle, tout va bien. Plus que 1500m et je suis dehors. Un peu de houle sur cette seconde portion mais l’essentiel est acquis, je sors en 1h10 avec une légère crampe au mollet gauche.
Transition lente même si j’ai cru que je la faisais rapidement Je sors du parc a vélo un peu avant la 700ème position... Une fois sur le vélo, je prends le temps de faire descendre les pulsations. Objectif <155bpm. Je me fais dépasser par quelques avions de chasse. Je les reverrai tous, ou presque, avant la fin du parcours vélo. Je ne ferai que dépasser des gens une fois les premières pentes.
Après une fin de parcours canon, je pose le vélo en 5h43 à ma montre, soit 2’ de mieux que mon objectif. J’ai la banane, et des supers sensations.
Début de la course à pied, et douche froide. En fait, je suis déjà dans le dur. Les ischios et les fessiers sont tendus. Tant pis j’essaie de prendre mon rythme... 5’30/km. Je le tiens 20km avant de faiblir petit à petit. je finis le marathon en 4h13. Un peu moins bien que ce que j’avais imaginé, mais tellement heureux d’en finir. Je ferai les 3 derniers km avec un sourire jusqu’aux oreilles malgré la douleur. Le passage de la ligne, avec Pierre Eggerickx qui m’attend sera vécu comme une explosion de joie.
Grosse satisfaction du jour : le soutien des spectateurs, la trifonction arena (juste géniale) et les efforts réalisés avec Jacques qui ont payé.

(Toute) Petite déception : l’incapacité à maintenir mon rythme de croisière sur l’ensemble du marathon.


CR Long :

20/07/2017,22h : mise au lit. En 3minutes je suis endormi. J’ouvre un oeil, et j’ai trop bien dormi, mais mon réveil n’a pas encore sonné. Je regarde la montre... 22h25. Zut... la nuit va être longue. Je me tourne dans mon lit jusque minuit et je m’endors finalement à la faveur d’un documentaire particulièrement soporifique sur Arte ou France5.
3h57, le réveil sonne. J’enfile un short et un T-shirt, je prends mon Gatosport, et je descend dans le hall retrouver Pierre et Louis. Nous déjeunons à 3. Ambiance détendue et petites blagues de circonstance pour se faire rire un peu avant cette longue journée. Retour dans les chambres pour embarquer le dernier matos à amener au parc (gels, barres, boissons iso et gourdes) pour un départ prévu à 5h. La circulation aura raison de notre belle organisation. 5h30, Benoit (qui a gentiment proposé de passer nous chercher) nous embarque direction le parc vélo.
5h45, arrivée au parc à vélo. Le temps d’arriver à notre rangée, il est 5h50 et le speaker annonce : tous les athlètes doivent avoir quitté le parc dans 10’. Voilà, je stresse ! Je dois mettre mes gourdes, scotcher mes gels/barres, regonfler mes pneus, me changer et amener mon sac à la consigne. impossible de tout faire. Je fais une croix sur les gels. Je les mets dans les poches de la trifonction Arena que le club nous prête pour l’occasion. Elles sont grandes, tout y passe. Ouf !
6h05, en route pour la plage. On avance en rang serré au milieu du public. Sur la droite, j’aperçois la famille qui s’est levée au aurore pour m’encourager. Je m’arrête 20" pour discuter mais je sens que je ne dois pas rester trop longtemps là. J’ai la gorge nouée et l’émotion qui monte. Je repars vite vers la plage avec David et Pierre. Grosse accolade avec Pierrot qui va démarrer dans un meilleur sas que moi. Seconde montée d’émotion. Il est vraiment temps qu’on parte ou je vais pleurer. Avec David on se place dans le sas "moins de 1h18". On regarde les pros partir, hommes puis femmes. Ils donnent l’impression de pas avancer... Qu’est ce que ça doit être quand on nous voit nager !
6h35, je passe la barrière, j’appuie sur la montre, et je marche tranquilement dans l’eau. Bonne chose, on perd rapidement pied ici, on peut se mettre à nager directement. L’eau est excellente. Le speaker a annoncé 23,7°. La mer est calme, et bien transparente. Grâce au rolling start (5triathlètes s’élancent toutes les secondes) dès les premiers mètres je peux poser ma nage et démarrer à mon rythme, sans devoir me battre dans une forêt de bras et de jambes. Je vois les poissons qui nagent sur les galets à quelque mètres sous la surface. C’est magique. Au bout de quelques centaines de mètres, je prends une respiration sur la gauche, en regardant vers Saint-Jean Cap Ferrat, c’est l’heure du lever de soleil. Superbe. Après 1000m, on tourne à droite (je prends le tournant très large, à au moins 10m de la bouée pour éviter les coups). Idem 300m plus loins pour entamer le retour vers la plage. Sur cette portion, la natation était rendue beaucoup moins facile par une petite houle qui nous baladait. De retour à proximité de la plage, je regarde la montre. 2400m. Encore 1400m, et on est sorti. Le début de la seconde boucle est plus compliqué. Le soleil empèche de voir les bouées. Tant pis, je vais suivre les bras et bonnets devant moi. Les bouées de cette seconde boucle sont rouge. Les bonnets... aussi. ça c’est malin ! Petit coup d’oeil à la montre sur le retour. 3800m. je lève la tête, et je vois l’arche d’arrivée, juste devant moi. J’ai l’impression que cette natation est passée super vite. Je donne encore quelques coups de bras et je m’extrais de l’eau en 1h10 pour 3930m à la montre. J’aperçois Marine et Tracy sur la droite qui m’encouragent. Je remonte sur la promenade en trottinant. J’ai la banane, je me sens bien, même si une petite crampe au mollet m’a un peu stressé sur la fin de la natation. Mais je ne la sens plus. J’enlève le haut de la combi, je prends mon sac de transition, et je me change en vitesse (enfin j’ai cru que j’allais vite) sous les encouragements de la famille qui s’est judicieusement placée au niveau de la transition. "le sac bleu Pierre" . Bien vu, j’allais prendre le sac rouge ! Je prends mon vélo et je me dirige vers la sortie du parc. Les sensations sont supers. Je monte sur ma machine et je vérifie que tout fonctionne. Une petite gorgée d’Isoplex pour enlever cet horrible goût salé, et je passe le Negresco. Avant ce jalon, interdit de se mettre sur les prolongateurs. Je me mets en position, et je cherche mon allure. Je regarde mon cardio : 165. C’est trop, je vais laisser ça redescendre. Je me fais passer par un bon nombre de triathlètes déchaînés sur les 3-4 premiers km. Je me fixe à 155 et je me mets sur les prolongateurs. ça m’amène à des vitesses de 33-34kmh dans le faux plat de la plaine du Var. Km 20, tournant à gauche et début des choses sérieuses. La condamine, 400m à 14%. Ca peut paraître ridicule sur papier, mais avec un vélo de chrono et du 39-28, ça fait un peu flipper. Ce premier écueil est passé sans encombre. Place ensuite à un long faux plat montant. Je dépasse les gens par paquet. Je me fais par contre assez peu dépasser, si ce n’est entre autre par un triathlète qui m’a bluffé. L’homme, qui n’avait qu’un seul bras, m’a dépassé au km 25. Donc il a nagé 3800m sur un bras, et en 25km il était déjà devant moi (et il allait à une autre allure !). Respect. (on me dira plus tard qu’un second manchot etait sorti de l’eau avant moi... bluffant) La suite du parcours vélo se passe sans encombre. Je regarde toujours le cardio, je m’alimente, je dépasse, et je me sens toujours aussi bien. Je prends le temps de discuter avec deux trois personnes sur le parcours. Si j’arrive à parler sans peine, c’est très bon signe. J’avais reconnu le parcours avec Louis 3 semaines avant, et je savais exactement ce qui m’attendait au fil des kilomètres. Dans la descente avant le col de Vence, une ambulance me passe à grande vitesse. Je la retrouve 2-3km plus loin en train de prendre soin d’un triathlète. L’état de son vélo me rappelle qu’il s’agit d’être vraiment prudent. inutile de reprendre une gamelle comme au Salagou il y a 6 semaines. dans ce col, on a le long aller-retour du parcours, où j’espère bien croiser Pierre. Je le vois en effet, et j’estime à ce moment mon retard à 10 minutes. Je ne croise par contre pas Louis. J’espère vraiment à ce moment qu’il ne lui est rien arrivé.
Km 120, on descend 12km, puis un petit faux plat jusqu’au 138, puis c’est descente ou plat jusqu’à Nice ! Dans ces portions je roule régulièrement complètement seul. Je dépasse encore pas mal de gens, mais les concurrents sont de plus en plus espacés. Juste avant de repasser la condamine dans le sens descendant, je prends un gros trou. Ma trousse de réparation, avec deux chambres à air, le démonte-penu, et trois cartouches de gaz vole par dessus la rambarde. A ce moment il me reste 20km, et je deviens littéralement parano. Je roule dans les traces de voitures, et je scrute la route à la recherche du moindre bout de verre ou gravillon afin de l’éviter. Dans la vallée du Var. Le vent souffle fort, et en rafale. Là, mon Fuji de chrono fait vraiment la différence. Je me pose sur les prolongateurs, je me limite à 150bpm, et je pousse sur les pédales. je tourne autour de 35-37kmh. J’ai l’impression que les gens que je dépasse ne pédalent plus tellement le différentiel de vitesse est grand. Km 165, passage sur le pont du Var, et retour sur la prom’. Les 5 derniers km m’ont paru interminables. Je lève un peu le pied pour récupérer un peu avant le marathon. Je scrute les joggeurs pour essayer d’apercevoir Pierre. Il est à un peu moins d’un km du parc à vélo quand je le croise. J’estime sa transition à 4’, son premier km à 5’, le temps pour rejoindre le parc pour moi à 1’. J’imagine alors qu’il a toujours 10’ d’avance sur moi. On a tout les deux fait un super début de parcours ! Mais il reste le plus dur.
Quand je pose le vélo, j’ai un sentiment de joie intense qui m’envahit. J’en suis à 7h de course, et les délais de 16h devraient même me permettre de finir en marchant. Je rentre dans le parc, vélo à la main, et là c’est la grosse surprise. Il n’y a presque pas de vélo dans ce parc ?!? Je verrai après que j’ai du poser alors qu’il y avait moins de 170 vélos dans le parc (sur 2300 places, ça laisse du vide). temps officiel, 5h44’03". Moi qui visait 5h45, c’est parfaitement dans l’objectif. Je sors sur le marathon en me disant " pas trop vite ; pas trop vite". ça n’a pas raté, je cours le premier km en 4’50. C’est trop vite ! J’ai les ischios et les fessiers qui font très mal alors que je pensais être fit and well pour démarrer le marathon. Le manque d’entrainement en col se fait sentir.
La suite du marathon, ce ne sera que la succession de jalons au delà desquels je n’avais pas le courage de regarder. C’était tellement long que je ne pensais qu’à la prochaine étape sur mon parcours. Après 600m, c’est Tracy et Marine. 200m après, il y a un ravito. Puis j’ai 1km5 avant d’arriver à la famille au grand complet, puis 200m pour le ravito, 1km7 pour le ravito suivant, 900m pour le demi-tour, 900m pour revenir au ravito, 1km7 encore un ravito, puis 200m, la famille, 1km5 ravito, 200m Tracy et Marine, 600m pour prendre un chouchou et faire demi-tour, puis rebelotte ! Bien que j’ai passé plus de 4h sur ce marathon, dans mon esprit c’est très très court. Je ne saurais pas exactement dire ce qui s’est passé aux deuxième et troisième tours. Je ne m’en souviens déjà plus. Ce dont je me souviens par contre, c’est d’avoir croisé les copains qui étaient aussi sur la course. Pierre et son allure constante et aérienne, Louis, David, Benoit et Clément. J’ai également eu l’occasion de croiser Fred Van Lierde, et de me faire passer par Victor del Corral. Incroyable d’imaginer que ces gars tiennent le 3’50"/km après tout le reste, et sous 35°. Le voir en vrai, c’est bluffant. _ J’avais l’impression de marcher quand ils me dépassaient. Les souvenirs de la fin d’épreuve sont à noveau très clairs à partir du dernier demi-tour à l’aéroport. D’abord, il y a Benoit qui me dépasse (et qui finit 7’ devant moi, sur 5km, ça situe son allure) et puis il y a ce sentiment incroyable de savoir qu’on en a presque fini. Je vois le Negresco au loin, et je sais que 500m plus loin, je serai sur la ligne d’arrivée. Tous les bénévoles sont déjà en train de me féliciter : "bravo, tu as fini, dernier passage ici,..." sur les 3 derniers km, je n’ai plus mal nulle part. Je sais pas accélérer pour autant, mais je me sens super bien. J’ai un sourire jusqu’aux oreilles dont je n’arrive pas à me défaire. Je prends l’embranchement vers la droite après l’avoir pris trois fois vers la gauche. Cette fois c’est la finish line pour moi ! Je vois Jérôme qui me tend le drapeau belge. Je ne le prends pas, j’ai envie d’avoir les mains libres. Toute la famille est sur la gauche. Je tape dans les mains de tout le monde. L’ambiance est dingue ! Je tape à gauche, je tape à droite. J’ai la chair de poule. Et puis j’entends le speaker annoncer : on accueille Pierre qui en finit ! Encore un Golgoth qui vient de Belgique. Je passe la ligne les points en l’air et la gorge serrée. Je l’ai fait. J’ai fini. Tant de sacrifices et d’entrainements pour ce sentiment incroyable ! En passant la ligne, j’aperçois le petit Pierre qui m’attend avec sa médaille autour du coup. On se tombe dans les bras l’un de l’autre. Presque trois ans d’émulation nous ont amené du triathlon promo de Namur à l’Ironman de Nice ! On y est arrivé !
A ce moment on ne peut pas s’empêcher de penser à un certain nombre de personne :
A Jacques qui nous a amené jusque là avec ses plans sur mesure et son suivi constant,
A Axel (Jusk’o Bout) qui m’a suivi et fait découvrir la rigueur de l’entrainement jusqu’au mois de décembre dernier,
A la famille qui a eu à subir les heures d’entrainement et l’indisponibilité qu’elles impliquent. Et puis quel privilège et quelle joie de les avoir tous eu à mes côtés pour me porter durant cet Ironman. Je ne les remercierai jamais assez et surtout je n’oublierai jamais.
Aux copains (et copines), qui ont partagé une heure, deux, ou plus, d’entrainement, pour rendre la charge moins lourde. Tout particulièrement mon partenaire de crime, Pierre, qui m’a suivi dans tous mes délires sportifs cette année (swimrun, duodiagonale, et enfin Ironman). Je lui en veux quand même un peu de m’avoir mis presque 20’ dans la vue !
Puis évidemment, tous les gens qui de près ou de loin, par un encouragement, un message,... ont un impact beaucoup plus grand qu’ils ne peuvent l’imaginer.

Maintenant place à un repos bien mérité...