Ce Championnat du Monde Ironman Ă Kona clĂŽture une saison de triathlon bien chargĂ©e. Il est vrai que la participation Ă cette course fĂ»t une petite surprise malgrĂ© que jâai tout fait pour y arriver.
Ce 24 aoĂ»t dernier, je me qualifie donc pour les Championnats du monde Ironman distance complĂšte alors que je montais sur la premiĂšre du podium dans ma catĂ©gorie sur un 70.3. Câest donc avec beaucoup de bonheur que je demande Ă Nicolas #starttoday, mon coach de rĂ©aliser lâimpossible : redessiner complĂštement mon plan dâentraĂźnement pour me prĂ©parer Ă un Ironman complet alors que jusque-lĂ , nous avions tout misĂ© sur un demi. 7 semaines, câest court pour ce genre dâĂ©preuve, mais on y croit !
Jâallonge donc les distances et les weekends se passent plus sur les routes quâĂ la maison. Mon agenda professionnel me complique beaucoup la tĂąche et je dois souvent prendre du temps sur mon sommeil. Trois semaines avant la course, voilĂ que je me dĂ©chire lĂ©gĂšrement le quad gauche â panique. Jacques #trigt me donne ses meilleurs conseils, Nicolas rĂ©adapte Ă nouveau tout mon programme et deux petites sĂ©ances de kinĂ© me remette tout doucement dâaplomb.
Nous voilĂ Ă Hawaii, avec ma petite famille ; semaine magique passĂ©e entre tous les meilleurs athlĂštes mondiaux de cette distance. Câest trĂšs impressionnant. On en profite, mais pas trop car le jour J approche. Avec Annabelle, Benjamin et Yannick, on sâorganise chaque jour des activitĂ©s et entraĂźnements pour sâhabituer Ă la chaleur et Ă lâhumiditĂ©.
Le stress augmente ainsi que le monde sur lâAlii Drive (rue principale de Kona centre).
Et samedi, alors que le soleil est encore loin de se lever, on se met debout, prend le Gatosport trop cuit de Benja ï et on part tous ensemble vers le lieu de dĂ©part. _ Câest une trĂšs longue journĂ©e qui sâannonce. Body marking, derniers prĂ©paratifs, dernier passage aux toilettes et nous voilĂ dans lâeau sur la ligne de dĂ©part. Au coup de canon, tous ces fous furieux commencent Ă se battre dans lâeau. Je mâattendais Ă une pagaille monstrueuse, je lâai eue. Je fais donc comme les autres et me bas comme un lion pour au moins pour respirer et Ă©ventuellement avancer avec le tas.
La masse sâĂ©tire aprĂšs quelques centaines de mĂštres et je prends mon allure de croisiĂšre. Câest le plus beau parcours de natation que jâai eu. Le fond est visible et de temps Ă autres, un valeureux poisson se montre en se demandant toujours pourquoi tous ces ahuris se tapent dessus, pour aller oĂč ?
Sur le retour, aprĂšs les premiers 1900m, je me laisse porter les vagues et mâamuse Ă regarder le fond. Je me surprends Ă respirer tous les 4 temps ! Sachâ, câest une course, tu ne te mettrais pas Ă pousser un peu ? ⊠non, la journĂ©e sera bien assez fatigante, profitons-en dĂšs le dĂ©but. Je sors en 1h01, content de cette superbe promenade, malgrĂ© un tempo relativement modeste. Je me rince et pars Ă vĂ©lo. LĂ , je vois mes deux petits gars et ma belle qui me font signe et mâencouragent. Un dernier passage en ville en les voyant Ă nouveau et câest parti pour la longue route qui longe la cĂŽte. On me signale que Benja est juste devant ! Je dĂ©cide alors de pousser un peu et on fait un bon 70 km ensemble.
Sur le trajet vers la pointe de lâĂźle (Hawi), je me nourris correctement et mâarrose rĂ©guliĂšrement avec les bouteilles dâeau fraĂźche. La tempĂ©rature sâĂ©lĂšve petit Ă petit, surtout au travers des champs de lave noire. Il est Ă peine 10 heures et il fait prĂšs de 30 degrĂ©s. Des passages au travers une vallĂ©e nous amĂšne tantĂŽt du vent de face, tantĂŽt de cĂŽtĂ©. Les cĂŽtes se font sentir et surtout celle de Hawi qui affecte beaucoup de coureurs. Tous ceux qui ont poussĂ© comme des dingues au dĂ©but commencent Ă payer leur efforts. Il fait chaud, le vent est de face et ça grimpe.
Une fois le U-turn passĂ©, câest une longue descente, vent de dos qui sâamorce. LĂ , il faut bien tenir le manche car les rafales de vent de cĂŽtĂ© nous dĂ©stabilisent. Jâen ai vu plus dâun faire des Ă©carts trĂšs dangereux. Je les passe prudemment et continue. Sur le retour vers Kona, tout le monde souffre, lâallure diminue graduellement.
Je dĂ©pose mon vĂ©lo et pars Ă pied. Les jambes sont lĂ mais je sens bien quâil va falloir gĂ©rer proprement. AprĂšs lâeuphorie du dĂ©part, je dĂ©cide de prendre mon temps Ă toutes les stations pour mâabreuver et me rincer. Il fait Ă©touffant ! Je revois ma petite famille deux fois sur lâAlii Drive, que du bonheur. A la sortie de Kona, tout devient encore plus compliquĂ©, jâai des cloches aux pieds et la fatigue sâinstalle. Je me force Ă courir entre les stations et prends mon temps pour mâabreuver Ă chacune dâelles. _ Lâascension vers « energy Lab » est trĂšs pĂ©nible, large route asphaltĂ©e sous le soleil dâaprĂšs-midi. On morfle tous un maximum. Mais tous les volontaires et le public sont absolument formidables et nous portent littĂ©ralement Ă chaque passage, câest absolument formidable cette ambiance. Je passe Energy Lab et remonte vers cette fameuse route. Il me reste prĂšs de 14 km avant lâarrivĂ©e. Je me suis mis au Cola. Et tout Ă coup retrouve mes jambes. Je reprends une bonne allure dans la descente entre chaque station. Ma motivation de dĂ©part Ă©tait dâamĂ©liorer mon temps de 2015 (11h18). Je veux aussi arrivĂ© avant que le soleil ne se couche (18h00). Je pousse et me regonfle de plus en plus. La vue de Kona est une belle motivation supplĂ©mentaire. Il ne me reste que quelques km. Je continue Ă pousser malgrĂ© les ampoules aux pieds. Lâallure continue Ă augmenter, la fin est proche. Jâarrive sur lâAlii Drive Ă nouveau, le dernier km se fait Ă toute allure. Je passe la ligne sous le fameux « You are an Ironman ! » en 10h53.
Je suis super content car de bout en bout, jâai fait cette course avec le sourire en profitant de chacun des instants. Cette une course dure mais je lâai rĂ©ellement savourĂ©e.